Ecrire sa vie au XVIII ème siècle (cas de Rétif de la Bretonne)

Monsieur Nicolas offre le parcours d’un homme qui a vécu avec la volonté de devoir tout à la littérature et qui, dans l’avidité de se raconter, efface dans la même frénésie les limites entre la littérature et la vie, contaminant l’une par l’autre.

Au seuil du texte rétivien transparaissent des stratégies de légitimation qui, en sous-tendant l’écriture de soi rétivienne, interrogent la fonction pragmatique du discours préfaciel et ses effets intentionnels sur les plans esthétique et idéologique.

Ce récit de vie est perméable à la représentation du monde rétivien : l’espace, le temps, l’idéologie et la doxa de son époque.

La dimension intertextuelle préside à la construction de ce double savoir, populaire et savant dans lequel Rétif allie les éléments de son propre passé de petit paysan et ceux des discours littéraires et scientifiques qui traversaient son siècle.

La figure féminine, dans Monsieur Nicolas, élément moteur d'une épopée sexuelle, dévoile les obsessions et les mythes de l’autobiographe.

Le texte interpelle le lecteur, comme matériau d'un travail littéraire, fondateur d’une individuation, essentiellement narratif, «résolument stylistique » et poétique.