Invariables - Photographies

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« Les invariables » est un travail photographique qui vise à faire un inventaire non exhaustif des lieux immuables et hors du temps au Cameroun.

Depuis une quinzaine d’années, j’observe au quotidien la lente et inexorable évolution de l’Afrique, qui s’achemine vers un avenir prometteur, vecteur de « nouvelles dynamiques »…

Dans le contexte d’effervescence actuel, un Cameroun aux espaces lointains, rares et silencieux, persiste malgré tout. À l’abri des regards, des lieux désormais hors du commun subsistent, et témoignent d’un mode de vie cyclique où se perpétuent les mêmes événements.

Un bâtiment, une route, un village, une mosquée, un monastère, constituent les décors de cette déambulation photographique.

Cet ensemble d’images est le fruit d’expériences multiformes. Il constitue une documentation sur des espaces de vie où le quotidien semble résister à toute influence extérieure.

Tour à tour surprise, séduite et conquise, j’ai compris que l’apparent immobilisme de ces univers est une rare forme de résilience contemporaine, désormais précieuse.

« Les invariables lointains »

Ce corpus s’inscrit dans une réflexion autour du déplacement et de l’isolement de certaines communautés. Celles-ci forment des microcosmes qui développent leur propre temporalité. Au coeur de ces espaces reculés, j’ai contemplé des paysages aux apparences mystérieuses. La poésie présente dans chacune des images fait presque oublier la complexe réalité de ces territoires éloignés. Par mon engagement photographique, j’ai poursuivi l’espoir d’établir le dialogue avec les personnes rencontrées sur place. Confrontée régulièrement à des règles de vie implicites et nouvelles pour moi, j’ai observé les situations dans un vain souci de discrétion.

« Les invariables bâtis »

Les architectures témoignent de manière remarquable des transformations sociétales. Elles constituent une énigme à comprendre. Citadins ou ruraux, ces édifices aux diverses attributions s’inscrivent dans les paysages de manière pérenne, et constituent des balises aux volumes immuables. Quand cela m’est possible, j’investis l’intérieur des lieux, à la recherche d’indices pouvant m’éclairer sur la nature des relations entre les hommes et leurs espaces de vie.

« Les invariables spirituels »

La vie religieuse imprègne le continent africain et se manifeste dans des pratiques multiples. Cette série est une fenêtre à demi ouverte sur l’univers spirituel monothéiste. Mon travail se limite aux communautés musulmanes et chrétiennes, majoritairement présentes au Cameroun. Je privilégie la mise en image de la méditation et de la prière, qui sont des états où l’homme rencontre le calme, la sérénité et le dépouillement face à Dieu. L’existence rythmée quotidiennement par le rituel, le choix de l’enfermement pour se consacrer à la vie religieuse, représentent des cheminements humains désormais rares. Ce travail photographique invite à créer des ponts entre les religions et à contempler un monde d’éternité qui se réduit lentement au fil du temps…

Sarah Dauphiné Tchouatcha

Sarah Dauphiné Tchouatcha est née en 1969 à Besançon, en France.

En 1989, elle entre à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne.

Après deux années d’études artistiques générales, elle hésite entre l’architecture et la photographie. Son choix se portera finalement sur une option art avec un intérêt persistant pour les sujets illustrant les jeux de lignes.

Installée depuis quinze ans au Cameroun, elle enseigne les arts plastiques au lycée français de Yaoundé.

Pendant son temps libre, elle observe les multiples mutations de la société camerounaise et en témoigne à travers un travail d’exploration entre documentaire et artistique. Un regard discret mais sensible, qui s’exprime sous deux formes, la photographie et la vidéo.

Fiche technique