La_guinenne_de_Mory_KanteAlbums / Guinée
5_etoiles
La Guinéenne
de Mory Kanté
Discograph
Le retour en force de Mory Kanté.

 

Oubliées les racines acoustiques traditionnelles épurées de son dernier album Sabou, sorti en 2004, la légende Mory Kanté retrouve ses premiers amours sonores, ceux du format « grand orchestre ». Un coup de maître.

À 62 ans et une longue carrière jalonnée de succès internationaux au compteur, le « griot électrique » de Guinée s’offre un retour musical en grande pompe. La Guinéenne, son onzième album, rassemble pas moins de 27 musiciens et choristes au sein d’une formation « grand orchestre » où les cuivres (venus du nord de la Norvège) ont retrouvé toute leur place percussive auprès de la kora, du n’goni, du balafon et de la flûte Fulani.

Du premier titre Yarabini (ma famille) au dernier Nodiche, ces fameux cuivres dynamisent un album festif tout en couleurs chatoyantes qui allie une fois de plus brillamment base musicale traditionnelle africaine et envolées lyriques inspirées, universelles.

Composé à une période de sortie de crise de la Guinée, l’album se présente comme un vibrant hommage aux femmes et aux Guinéennes en particulier, souvent opprimées et négligées, parfois meurtries dans leurs chairs.

Porteur de maximes et de conseils d’un ancien aux nouvelles générations, La Guinéenne laisse également entrevoir un Mory Kanté serein, fort d’une carrière musicale qui n’est plus à faire, mais toujours humble.

Dans le superbe reggae chaloupé Malibala, le griot chante ni plus ni moins son amour pour le Mali et le peuple malien, qui lui a permis de lancer sa carrière.

Au final, La Guinéenne, pêchue et dansante, fait partie de ces albums phares qui doivent figurer dans toute bonne CDthèque.

 


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Mory Kanté et « la vieille », une véritable histoire d’amour

Né dans le village d’Albadariya dans la région du Kissidougou, dans le sud-ouest de la Guinée, Mory Kanté est le dernier-né d’une famille de griots de 38 enfants.

Curieux et précoce, le jeune Mory apprend le balafon dans son pays avant de partir au Mali poursuivre ses études. Là-bas, il jouera de son premier instrument au sein du « Rail Band » de Bamako, célèbre pour ses associations de tradition africaine et style occidental.

Partageant les scènes de Salif Keita ou du guitariste Djelimady Tounkara, Mory Kanté parfait alors sa connaissance des instruments et multiplie les expériences, se mettant à jouer de la guitare, de la batterie, des percus, en plus du chant qu’il parvient vite à maîtriser.

Mais bientôt, la harpe mandingue à 21 cordes lui fait les yeux doux et l’artiste touche-à-tout  se sent faiblir. C’est auprès du maître griot Batrou Sekou Diabaté, à Bamako, que Mory Kanté apprendra à jouer de la kora. Un véritable coup de foudre pour cet instrument qu’il ne quittera plus.

Premier korafola à avoir électrifié sa kora, Mory Kanté joue le plus souvent avec celle qu’il appelle affectueusement « la vieille », une kora âgée dit-on de 84 ans… Une histoire d’amour qui n’est pas prête de se terminer.

Sowen Sidoret

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