Films / afrique

12 Years a Slave de Steve McQueen

D'après l'oeuvre de Solomon Northup

L’esclavage tel qu’il n’avait jamais été abordé au cinéma.

« Atroce », « irrespirable », les qualificatifs les plus fréquents que la presse attache à 12 Years a Slave ne paraissent pas a priori particulièrement valorisants.

Pourtant, ces adjectifs sont justes, tant le réalisateur Steve McQueen montre l’esclavage sous un jour cruel. Et c’était nécessaire.

Django, quelques après-midi sur M6 et c'est tout

Car même si, avec Django Enchained, on a assisté en l’espace d’un an à la sortie de deux films majeurs sur le sujet, l’esclavage reste un thème tabou à Hollywood. Lorsqu’on fait l’inventaire des productions réalisées sur ce thème, on repense avant tout aux téléfilms du dimanche après-midi sur M6, longs et mièvres, qui faisaient de l’esclavage une simple toile de fond, à base de champs de coton et de chants soul.

 

Tarantino avait lui pris le parti (réussi) d’aborder ce thème avec détachement, dans un registre proche du western. La Case de l’Oncle Tom nous plongeait au cœur d’un drame familial. Et c’est à peu près tout.

Steve McQueen rompt avec cette tradition relativement soft et propose une version crue, sans concession, rappelant ce que l’esclavage avait d’humiliant, de désaliénant. Les victimes sont ici au centre : il nous montre pendant tout le film leurs sévices et leur désespoir dans un monde privé de toute justice.

Extrêmement éprouvant, 12 Years a Slave n’en est pas moins absolument nécessaire.

ZOOM

Chiwetel Ejiofor et Lupita Nyongo’o, les 2 acteurs principaux du film

L’un est d’origine nigériane, l’autre est kenyane. L’un est connu du grand public, l’autre est une magnifique révélation.

Réussissant à incarner de manière intime la souffrance profonde des esclaves, les deux acteurs principaux portent à eux deux le film.

Chiwetel Ejiofor est pressenti pour remporter l’Oscar qu’il mérite. Quant à Lupita Nyongo’o, une belle et longue carrière s’annonce pour elle.

Romain Dostes