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Bibi Tanga, un habitant de la lune bien fascinant

En concert à l'Alhambra à Paris.

Mettez des sons new-yorkais urbains et groovés, une funky attitude à la Curtis Mayfield, des rythmes explosifs inspirés par Fela Kuti et Franco de l’OK Jazz, un univers électro porté par le Professeur Inlassable et des influences rock, vous trouverez le chanteur et bassiste centrafricain Bibi Tanga dans son complet veston digne des meilleurs sapeurs de Kinshasa.

Ce samedi 8 février 2014, Bibi Tanga était en concert à l’Alhambra dans le cadre du festival au Fil des voix.

Dans un mois, le 10 mars, sortira son 4ème album, Now. Notre curiosité est à son point culminant. Partons à la pêche aux indices.

Ce nouvel album sera-t-il aussi riche de trouvailles électro-groove-funk déjantées que ses précédents ? Sera-t-il plus épuré que ses trois premiers opus (Yellow Gauze, Dunya, 40° of Sunshine) ainsi que son titre « Now » l’indique ?

Que l’on soit rassuré, le quadra parigot-centrafricain a toujours le swing communicatif. Il entre en scène devant un parterre de gens sagement assis. Pas folichon. Pas non plus de quoi empiéter sur la bonhommie légendaire du dandy.

Il se lance dans ses nouveaux morceaux avec une formation réduite : un piano, une batterie, et une basse. Une formation peu semblable à celle de ses précédents albums : Bibi Tanga & The Selenites - signifiant les habitants de la lune - jouait en quintet - violon, claviers, guitare, basse et platines.

Le trio de ce soir joue un morceau rock, puis un autre de reggae. Le batteur interprète avec brio un rythme traditionnel centrafricain, le Motengené. Le public toujours assis, se dandine avec plus de conviction.

Bibi, ce falsetto - chanteur utilisant le registre le plus aigu - chante ou déclame en anglais, français et sango - langue centrafricaine. Il entonne des airs plus rock qu’à son habitude.

Son concert s’achève dans une ambiance endiablée : faisant fi des chaises, le public dans son ensemble danse sur les morceaux clôturant cette première partie de soirée : My heart is jumping, Poet of the Soul (40° of sunshine) et Be Africa (Dunya).

Bibi Tanga présente son nouvel album Now en musique !

ZOOM

Bibi Tanga, un bluesman moderne

Bibi, ce fils de diplomate centrafricain, naît à Bangui en 1969. Il grandit à Paris.

A 9 ans, ses parents l’inscrivent à des cours de solfège. A 20 ans, il joue du sax dans le métro et fait le tour des festivals de France. Ses textes sont très personnels. Ils ne peuvent être chantés par un autre. Il se met donc à la basse.

Il se fait progressivement une place dans le milieu funk parisien des années 1990 aux côtés de Malka Family et de la FFF (Fédération Française de Funk). En 2000, Le vent qui souffle, son premier album est « bluesypop ». Il monte le groupe Les gréements de Fortune. Thierry Ardison les embauche pour assurer la partie musicale de son émission Salut les terriens, sur Canal +.

En 2003, sa rencontre avec le professeur Inlassable est décisive. Ensemble, le « faiseur de boucles et collectionneur de sons » et « Le performer ré-incarnant Gil Scott-Héron et Prince » forment Bibi Tanga & The Selenites. Ils produisent Yellow Gauze en 2006. Trois ans plus tard, dans leur lancée, ils sortent l’album Dunya. Signifiant existence en sango, l’opus connaît un vrai succès auprès du public et de la critique.

A la suite d’une tournée de presque 2 mois en Afrique, inspiré par l’ambiance des maquis et des dancefloors surchauffés, l’album 40° of Sunshine voit le jour en 2012. La tête dans la lune et les pieds sur le dancefloor, que nous réserve encore avec ce 4ème allbum ce poète des temps modernes ?

Eva Dréano