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Hervé Samb, rencontre avec cet « africain de la ville », jazzmen d’exception au diapason intégré

Génie de la guitare ayant déjà collaboré avec les plus grands, Hervé Samb sort à l’automne 2013 son deuxième album solo, Time to feel.

Africa Vivre : Jeune guitariste et compositeur sénégalais, tu as déjà collaboré avec de nombreux grands artistes (David Murray, Jimmy Cliff, Oumou Sangaré, Amadou et Mariam, Jacques Schwarz-Bart, Touré Kunda....). Que t’apporte ton album solo, Time to feel ?

Hervé Samb : Quand je joue avec d’autres groupes, je me nourris des univers des autres musiciens. Je rentre dans l’univers de chacune des personnes avec qui je collabore. 

Dans mes albums solos, je m’inspire de tout cela. Time to feel est mon deuxième album solo. Il est un hommage rendu au jazz, à David Murray (saxophoniste de jazz américain) et à Jacques Schwarz-Bart (saxophoniste de jazz guadeloupéen).

Mes albums solos sont des compositions. C’est mon univers que je partage. Quelque part, je me redécouvre à chaque fois, à travers mes albums solos et en tant que leader. Il n’y a rien de tel pour se retrouver. En tant que sideman, je m’investis à 100% dans ce que je fais. L’album solo me permet, après ces différentes expériences d’immersion, de me retrouver.

Herve-Samb


Jacques Denis, journaliste jazz, concernant ta musique, parle de « balades acoustiques, de blues, de passages plus électriques, d’harmoniques post-bop et de métriques M’base. » Quels seraient tes mots pour qualifier ton travail ?

Hervé Samb : Ces qualificatifs ont été donnés par un ami journaliste. Ce sont des termes assez précis. Les balades et les harmonies post-bop, c’est en quelque sorte les termes utilisés pour qualifier le « jazz contemporain ». C’est-à-dire le jazz qui a été créé après Charlie Parker. Le M’base est un mouvement musical que Steve Coleman (saxophoniste, improvisateur et compositeur américain) a créé. Ce sont des rythmiques assez groovy.

Mon premier rapport au jazz, en tant que jeune africain, s’est fait par le rythme, en écoutant Steve Coleman. Sa musique est très rythmique. J’ai été directement séduit. Je me suis inspiré de sa manière de composer. Une façon de composer dans laquelle il n’y a pas vraiment de séparation entre les instruments rythmiques et harmoniques. C’est en hommage à tous ces courants que j’ai composé Time to feel.

Et, je trouve que le jazz est un formidable moyen de promouvoir une culture. C’est une musique très accueillante, qui permet de s’ouvrir à beaucoup de cultures. Tigran Hamasyan (pianiste de jazz arménien), Ibrahim Maalouf (musicien et compositeur libanais) en sont de très bons exemples.

Tu as collaboré avec beaucoup d’artistes, dont certains venant d’Afrique. Peux-tu les décrire en quelques mots ou en une phrase ? Commençons par David Murray...

Hervé Samb : C’est un guerrier du sax.

Jimmy Cliff…

Hervé Samb : C’’est quelqu’un de simple et d’extrêmement professionnel.

Oumou Sangaré...

Hervé Samb : La dame de fer africaine. Une femme au grand cœur.

Amadou et Mariam…

Hervé Samb : Ce sont des êtres d’une grande gentillesse.

Jacques Schwarz-Bart…

Hervé Samb : Il a mélangé le gwoka et le jazz. Pour cela, il est un exemple pour moi.

Cheikh Tidiane Seck

Hervé Samb : Un des plus grands défenseurs des cultures africaines. Une personne très curieuse. Un modèle et un mentor pour tous les musiciens venant à Paris.
Toutes ces personnes sont des exemples pour moi.

Les artistes avec lesquels tu as travaillé sur cet album ont également un parcours riche. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Hervé Samb : Olivier Témime est un grand ami. On s’est rencontré dans la formation des Volunteered Slaves, un groupe mêlant jazz, bop, groove et funk. Il est le plus africain des saxophonistes français. Reggie Washington a joué avec Steve Coleman. Et, je ne pouvais pas faire un album de jazz sans inviter un musicien américain. Chander Sardjoe est un formidable batteur hollandais d’origine indienne. Il a une ouverture musicale impressionnante. Il est très habile et parvient parfaitement à interpréter des styles musicaux très différents. Il y a aussi Alioune Seck, en tant qu’invité. Il a apporté les Sabars du Sénégal.

Hervé Samb / Sama Yaye (My Mother)

ZOOM

Les conseils littéraires, musicaux, cinématographiques et culinaires de Hervé Samb à nos lecteurs

Quel écrivain africain conseillerais-tu à nos lecteurs ?

Hervé Samb : Malheureusement, je ne sais pas qui conseiller. Je ne trouve absolument jamais le temps de lire.

Quel est ton plat africain préféré ? Où le manges-tu au Sénégal ? Et à Paris ?

Hervé Samb : Mon plat africain préféré est le mafé. A Dakar, je le mange chez moi. C’est là que je trouve qu’il est le meilleur. A Paris, dans un restaurant qui s’appelle Le Nilaja. Il se trouve dans le 11ème arrondissement, rue de la Forge Royale. En fait, je dois préciser que c’est le restaurant de ma femme ! Mais je ne dis pas que c’est mon restaurant préféré pour cela. Je trouve sincèrement que le mafé y est très bon !

Quel réalisateur africain conseillerais-tu à nos lecteurs ?

Hervé Samb : On ne parle pas assez des réalisateurs africains. Ils ne sont pas assez promus et ni assez représentés à l’international. Peut-être est-ce en partie la raison expliquant pourquoi je ne saurais pas non plus conseiller de réalisateur africain.

Quel musicien africain conseillerais-tu à nos lecteurs ?

Hervé Samb : Le trompettiste sud-africain Hugh Masekela. C’est un artiste qui mérite d’être connu à travers le monde. Il est l’ex-mari de Miriam Makeba. C’est un homme très engagé.

Eva Dréano