Romans / algérie

Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Editions Pocket

Un récit poétique sur fond d’amour dans une Algérie faisant face à un tournant de son histoire.

Ce roman s’adresse d’abord à toutes les personnes amoureuses de l’Algérie.

Yasmina Khadra, écrivain algérien le plus lu du monde, a voulu rendre hommage à ce beau pays autrefois sous l’égide française. Sans sortir indemne de cette histoire, on comprend que l’Algérie a un passé lourd, fait de victoire et de désillusion.

Nous n’avons pas affaire à un roman politique, il convient de le souligner. La patrie, la famille, la religion, sans compter l’amour et l’amitié semblent être les éléments qui ont permis à Mahieddine Younes, le narrateur de ce roman, de nous relater une partie de son histoire.

Confié à l'âge de 9 ans à son oncle pharmacien Mahi et sa femme Germaine, après une banqueroute familiale, Younes devenu Jonas se retrouve plongé dans une nouvelle vie à Oran entre modernisme et tradition. Le destin le chemine brusquement vers le petit village de Rio Salado dans la province oranaise. Tout en étant tourné vers le monde, il restera attaché à son identité algérienne quitte à être parfois pointé du doigt par ses propres amis.

Yasmina-Khadra

Yasmina Khadra est le pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoulde Bechar composé des deux prénoms de son épouse.


En additionnant les tribulations quotidiennes du jeune Jonas et de ses amis aux frasques de la vie quotidienne dans un petit village cloisonné mais en mouvement, Yasmina Khadra met l’accent sur la vie et ses évènements que nous pensons contrôler mais qui nous échappent.

L'amour a une place fondamentale dans ce récit. Il y est introduit par Khadra, lorsque le jeune Jonas rencontre Emilie. Ce sera l'éclosion des premières palpitations à la vue ou l'évocation de cette femme qui le hantera sa vie durant.

Il n’est pas chose facile d'être spectateur des bouleversements qui s’amoncellent dans son pays lorsque l'on vit aux côtés de ceux qui sont visés par les protestations. La Patrie. Plus que tout, le sentiment d'appartenance à une patrie nous met face à nous-même lorsque le destin de celle-ci est en jeu.

Le personnage de Younes est complexe et d'une mélancolie déconcertante. On ressent parfois l’envie de le remuer. L’Algérie, elle, ne l’a pas attendu. Elle a muté et s’est transformée en pays en guerre contre l’oppresseur français dans l’espoir de renaître nouvelle.

Une des essences du livre est qu’il suffit d’une rencontre pour que notre vie se voit bouleversée, sachant que les regrets sont souvent les sentiments les plus durs à se défaire. L’écrivain ne nous le dit que trop sincèrement.


Yasmina Khadra nous parle de son roman, Ce que le jour doit à la nuit, paru aux éditions Julliard et lauréat du prix Lire 2008.

ZOOM

Yasmina Khadra, un homme passionné et intègre qui a voulu changer les choses

Yasmina Khadra place le contexte du roman dans une réalité tragiquement vraie. Il permet au lecteur d’aborder sous une forme historique, une facette d'un pays que seule une personne avertie peut transcrire.

De son vrai nom Mohammed Moulessehoul, l’homme qui a emprunté les deux prénoms de son épouse "Yasmina et Khadra" afin d’être publié dans une période hostile, se présente en effet en homme aimant son pays.

L’écrivain a voulu changer les choses. S’étant présenté en novembre 2013 aux dernières élections présidentielles en Algérie contre Abdelaziz Bouteflika, l’écrivain algérien avait pour espoir de donner un nouveau souffle à ce gouvernement.

« Il n'y a aucune raison pour que l'Algérie échoue : elle a tout le potentiel nécessaire pour devenir une nation sereine, ambitieuse, prospère. » Magazine Marianne numéro 879 - 21 février 2014.

Yasmina Khadra a sillonné tout le pays à la rencontre de ceux qui font l’âme de l’Algérie. Il s’est rendu compte des réalités profondes des algériens et s’est battu pour soumettre ses idées de changements. Cela n’aura pas suffi. Le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika est bien réel. Une déception aux yeux de l’écrivain qui tient bon et qui a toujours l’espoir de voir les choses évoluer dans son pays.

Diane N.