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Cabaret Tam Tam, voyage dans les mille et une nuit du Paris du XXeme siècle

Sur la scène du Cabaret sauvage jusqu'au 3 avril.

Cabaret Tam Tam est un spectacle musical évoquant avec brio les cabarets orientaux parisiens ayant fait briller de mille feux les nuits de la capitale, de 1940 à 1980.

A travers performances artistiques, récits anecdotiques et images d'archives, le spectateur plonge dans un monde oriental oublié qu'il est doux de se remémorer. 

Interview avec Sylvain, comédien et co-auteur du spectacle Cabaret Tam Tam.

Comment est née l'idée du spectacle Cabaret Tam Tam ?

Sylvain : Elle a germé dans la tête du patron du Cabaret sauvage, Méziane Azaïche. Il se posait beaucoup la question de la transmission de l'histoire de l'immigration. Et le Cabaret Tam Tam est un hommage aux cabarets orientaux, à ces musiques, à ces lieux de partage et à une certaine musique qui a commencée avant la guerre. Une musique métissée.

A l'époque, ils écrivaient des flamencos, des tchatchas, des rumbas... c'est ce qu'on appelle la musique de fusion. Des répertoires se créent. Cela va des aires berbères d'Algérie au flamenco, au jazz. Ça respire ! Ça n'était pas des musées de langue morte. C'est un hommage à une culture qui était en mouvement.

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Qu'était le cabaret Tam Tam dans le Paris du milieu du XXème siècle ?

Sylvain : Tam Tam, c'était un des grands cabarets, rue Saint-Séverin, tenu par Mohamed Ftouki. Tam Tam, comme Tunisie Algérie Maroc. C'était une période de décolonisation donc ils ne pouvaient pas utiliser le terme de grand Maghreb. Ce qu'ils auraient souhaité pourtant.

C'était des lieux de musique et de danse. Il y avait des danseuses orientales mais aussi des Italiennes, des Argentines. C'était un lieu d'affranchis car à cette époque-là être un artiste, ce n'était pas bien vu. C'était des gens qui travaillaient sur l'idée de liberté. Ces femmes, toutes ces femmes, c'était des féministes avant l'heure.

Ce n'était pas les cafés maghrébins. C'était des lieux de prestige où des diplomates, des journalistes, des joueurs de football... s'y rendaient. On n'avait pas les charters à l'époque. C'était donc l'occasion de découvrir cette culture sans prendre l'avion. A l'époque, l'Orient était connoté très positivement. C'était la sensualité, la douceur.

Qu'avez-vous voulu raconter avec ce spectacle ?

Sylvain : Il y a deux volets dans ce spectacle. Il y a un volet historique et puis un volet fictionnel. Et, il y a le personnage de Clik Clak Kodak (Ndlr : interprété par Sylvain Bolle Reddat) qui rencontre une jeune serveuse, Andalucia (Ndlr : interprétée par Dehya Azaïche). Il va essayer de la faire se réconcilier avec son histoire, avec une idée de la liberté d'aujourd'hui.

Andalucia est le prénom que lui avait donné ses parents en référence à un flamenco écrit par Salim Hallali. L'idée est de dire que c'est important de savoir d'où l'on vient, pour vivre dans le présent. Tout cela est très sérieux mais le cabaret Tam Tam est un spectacle où l'on rit aussi beaucoup.

Dans Cabaret Tam Tam, il y a des comédiens, des musiciens, des chanteurs, des circassiens.. Le spectacle est pluridisciplinaire...

Sylvain : Tous ces numéros sont très vivants car on a travaillé sur la passation de l'histoire et sur un répertoire de cabaret. Il y a des chansons tunisiennes, algériennes, marocaines. On n'est pas dans un musée qui est fermé. On est là pour faire vivre ça.

Dans Cabaret Tam Tam, il y a des membres de Café Barbès. Qu'y a-t-il de différent entre ces deux spectacles ?

Sylvain : Café Barbès est une histoire de l'immigration, avec les chansons des cafés de Paris. Ces poèmes-chansons, racontaient l'histoire de cette population immigrée. Là, on parle aussi de patrimoine mais pas du même endroit.

Le café et le cabaret sont des lieux différents. Le cabaret est un lieu de métissage de musique important. Le café est un lieu du quotidien. Le cabaret c'est un lieu d'exception de l'histoire de France, de Paris dans ses singularités et sa mixité.

CABARET Tam Tam : dans les coulisses de la dernière répétition

ZOOM

LE PORTRAIT CHINOIS D'AFRICA VIVRE

Si vous étiez un(e) auteur(e) africain(e). Qui seriez-vous ?

Sylvain : Je viens du théâtre et j'ai beaucoup d'amitié pour Kossi Efoui.

Si vous étiez un(e) réalisateur/trice africain(e). Qui seriez-vous ?

Sylvain : J'ai été extrêmement touché par Timbuktu d'Abderrahmane Sissako.

Si vous étiez un(e) musicien(ne) / chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?

Sylvain : Bonga. Et, Salif Keita.

Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?

Sylvain : Quand j'étais bébé mes parents vivaient à la fac à Lyon. Mon papa avait appris à faire le poulet yassa par l'amie béninoise de son frère. Plus tard, j'ai remangé du poulet yassa...il avait un goût différent.

Sur un plat maghrébin, j'adore le couscous aux pois cassés de ma compagne. C'est le plat du pauvre. La sauce est une soupe de pois cassés. Ce plat est un délice !

Propos recueillis par Eva Dréano