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Alune Wade, à la recherche de l’Afrique des années 70 et de ses sonorités cubaines

Nouvel album Havana Paris Dakar de Alune Wade et Harold López-Nussa – World Village

L'album Havana Paris Dakar nous fait voyager dans une Afrique d’une autre époque.

Cet album est la rencontre de Harold López-Nussa, pianiste cubain à la recherche de ses racines afro et de Alune Wade, un bassiste et chanteur sénégalais à la recherche de ses racines latines.

Interview avec Alune Wade, l’un des artistes virtuoses de ce projet.

Comment est née votre envie de créer cet album à plusieurs mains ?

Alune : Il y a trois ou quatre ans, ma productrice m’a parlé d’Harold. Elle m’a demandé si j’étais disponible pour l’accompagner sur une date car son bassiste ne pouvait pas jouer avec lui. On s’est vu. On a répété dans un studio parisien, le studio bleu. Et nous sommes allés jouer en Allemagne ensemble. Ça a tellement marché qu’on a fait trois rappels.

Un des morceaux que nous avons joué fait partie du répertoire cubain, « Juliana ». On en a également joué deux ou trois en wolof.

Une semaine après être rentrés, on s’est vu dans un café à Bastille. On a parlé alors de faire un album ensemble. L’idée était de reprendre des classiques africains avec des sonorités cubaines.

Alune Wade et Harold Lopez-Nussa - " Aminata "


Il y a aussi dans votre musique des rythmes chaâbi et des reprises de classique de la musique africaine. Ces morceaux ravivent nos mémoires d’une fameuse époque des indépendances où les musiques latines faisaient fureur. Votre album nous fait voyager dans une Afrique d’une autre époque…

Alune : Dans les années 70, la rumba, le meringué, le tchatchatcha, étaient un répertoire très à la mode. Ce mélange a donné la musique africaine d’aujourd’hui. Au départ, les percussionnistes jouaient des congas. On a ajouté le bougarabou. Cela donne le sabar de Youssou Ndour. La musique cubaine, les répertoires classiques, j’ai grandi avec.

J’ai également pris un titre de Manu Dibango, chanté par Franklin Bokaka, « Ayi Africa ». « Petit Pays », de Césaria Evora. « Aminata » Laba Sosseh. Car je voulais ouvrir ce projet à l’Afrique entière et pas seulement à l’Afrique subsaharienne. J’ai pris un morceau algérien, congolais, …

Dans votre album, les références à la ville sénégalaise et à la ville cubaine sont évidentes tandis que celle faite à la ville lumière …

Alune : On s’est rencontré à Paris. C’est aussi parce que les villes de Paris et Dakar sont très proches que nous avons pensé à ce titre pour l’album.

Quatre morceaux sont vos propres compositions. Quels sont-ils ? Comment avez-vous composé ?

Alune : Il y a un titre qui s’appelle « Sago ». Il parle des enfants. Comment doivent se comporter les enfants. Sur le fait d’être soi-même. C’est un morceau que j’ai composé.

« Guajira », sur lequel j’ai écris un texte, a été composé par le frère d’Harold. J’aime beaucoup le thème au piano. J’ai dit à Harold que je voulais reprendre ce morceau que j’avais écouté il y a quatre ans. Je lui ai proposé qu’on change le groove. Ca sonnait très cubain. Je voulais que ce soit plus ternaire. Plus africain.

On a enregistré à la Havane. Car on voulait avoir ce côté très cubain. Sur trois titres, le trompettiste de Chucho Valdès, Alberto Moloté, a joué les « backing band ». Quand on a enregistré on était dans le studio A et Chucho Valdès était dans le studio B. Il y avait une vingtaine de musiciens qui jouaient. On mangeait ensemble. On parlait ensemble. En tout, ça a duré quelques jours seulement mais c’était très intense.

ZOOM

Le portrait chinois d’Alune Wade

Si vous étiez un(e) auteur(e) africain(e). Qui seriez-vous ?

Alune : Il y en a tellement. Je ne sais pas lequel choisir.

Si vous étiez un(e) réalisateur(trice) africain(e). Qui seriez-vous ?

Alune : Ousmane Sembène.

Si vous étiez un(e) musicien(ne) / chanteur/teuse africain(e). Qui seriez-vous ?

Alune : Alune Wade, je dirais. Je suis également partagé entre Youssou Ndour, Salif Keita, Oumou Sangaré, Papa Wemba, Cheb Mami, …

Si vous étiez un plat africain. Lequel seriez-vous ?

Alune : J’aime le tiep. J’aime le yassa, le soupo kandia et le poisson braisé de la Côte d’Ivoire.

Propos recueillis par Eva Dréano