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NAKHANE, prodige de l’indie-rock sud-africaine

Le 2ème album de Nakhane, You Will not die est un bonbon pop et vaporeux.

Tout droit sorti de son Afrique du Sud natale, Nakhane traverse les continents pour venir depuis quelques mois tantôt susurrer à notre oreille tantôt chanter sur les plus beaux tremplins français (Les transmusicales de Rennes, Le printemps de Bourges…).

Et les avis de la critique et du public sont unanimes : Nakhane est un petit prodige de la musique. Découverte de ce jeune Apollon qui a la musique et la création dans la peau.

Son histoire se termine et commence en musique. Dans son enfance, sa mère et sa sœur chante dans des chœurs d’opéra. Petit, il les accompagne souvent les soirs, alors qu’elles se rendent à une répétition ou une représentation. Il prend ainsi pour habitude de s’endormir en écoutant ces dizaines de voix projetées autour de lui. La musique était et est encore aujourd’hui ce qui l’apaise et le détend le mieux.

Nakhane

Mais il a toujours été un touche-à-tout artistique et joue dès son jeune âge, du théâtre et de plusieurs instruments dans l’enceinte de l’école. Il lit beaucoup et à 9 ans, se met à écrire. Un exercice naturel pour lui, facile, confie-t-il.

A 19 ans, Nakhane étudie la musique et se met à en écouter beaucoup. C’est seulement plus tard, lorsqu’il s’essaye à la guitare qu’il se dit qu’il peut jouer « sa » propre musique.

Sa manière de créer est simple. Elle est un mélange de feeling, de travail intense et d’émotions débridées. Certaines de ses chansons lui sont inspirées par des rêves. C’est le cas de Teen prayer. Le titre de son album actuel et son mode de création désinhibé, lui sont inspirés également d’un rêve.


« Une nuit, j’ai rêvé qu’une voix me donnait une date, celle de ma mort. Je ne vais pas vous dire laquelle, mais tout d’un coup, moi qui ne vivais que dans la peur du châtiment divin, j’ai eu la certitude que je ne mourrai pas demain, ni dans dix ans. Ç’a été une incroyable libération. J’ai décidé de rattraper le temps perdu, de vivre enfin ma vie. »

Des émotions ? Il en ressent beaucoup, comme tout le monde. Il les laisse venir et suivre leur cours, et préfère être détesté pour ce qu’il est que de s’entendre dire à propos de sa musique : « C’était sympa. », d’un ton neutre et détaché. Lorsqu’il écrit, il est pleinement à ce qu’il fait. Il attend de son public qu’il fasse de même, lui crie des questions et participe avec passion à son live. Sur scène, il danse, chante, joue de la guitare, y est totalement, naturel et entier.

You will not die vient de sortir. Il emboite le pas à un premier album, Brave confusion, resté plus confidentiel. Nakhane préfère ne pas définir sa musique. A partir du moment où son album est écrit, la façon dont les gens le perçoivent, cela ne lui appartient plus.

Cet artiste polymorphe (acteur, musicien, romancier, poète, auteur-compositeur) dit que son destin a changé à l’écoute de la chanteuse Anohni et à la lecture de James Baldwin.

Avec ce bref portrait, il vous sera aisé de l’écouter, de l’adorer ou de le détester. Dans les deux cas, vous lui ferez grandement plaisir.

ZOOM

Africa confession de Nakhane

Quels sont les ingrédients indispensables pour concocter un bel album, selon vous ?

Nakhane : L’honnêteté.

Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?

Nakhane : Une journée durant laquelle j’ai le sentiment d’être complétement libre. J’aime être seul. J’ai grandi seul et je sais m’occuper seul. Ce n’est pas un problème pour moi.

Quel serait votre plus grand malheur ?

Nakhane : Je ne sais pas. Je suis très positif ces derniers temps. J’ai été longtemps très négatif. Tout peut sembler différent selon votre humeur.

Dans dix ans, où serez-vous ?

Nakhane : Je ne sais pas et je n’en ai rien à faire. Je vis au jour le jour.

Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle ?

Nakhane : Ma grand-mère. Elle est morte. Je lui dédie un morceau de mon album, Star red.

Qu'avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l'interview) ?

Nakhane : Je pense que je vais faire l’amour.

Eva Dréano