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Les nuits inouïes d'IFRIQIYYA ÉLECTRIQUE

Banga réinventée

Avec Ifriqiyya Electrique, l'électro devient mystique...

La transe guérisseuse du Banga, pratiquée encore aujourd'hui par les communautés noires de Tunisie du sud-ouest, se voit ici revisitée au son de guitares électriques très survitaminées.

Au départ, il y a quelques années, Gianna Greco et François R. Cambuzat, ont découvert, en quête de sons inédits, la région semi-désertique du Djerid, dans laquelle vivent les descendants des esclaves haoussas d'Afrique Noire avec aussi des berbères et des arabes à majorité musulmane, qui ont l'habitude de s'adonner au Banga, rituel connu pour son intensité relevée, et qui signifie "son énorme".

Le rituel, qui ressemble au gnawa marocain, est habité, de surcroît, par toute une philosophie. Il s'agit non d'exorcisme, mais d'adorcisme ; non de chasser ces esprits qu'on appelle "rûwâhînes", mais bien au contraire de les faire entrer en soi.


De cette rencontre résulte un mélange fort détonant, et envoûtant, décontenançant comme "un rêve étrange et pénétrant" : d'un côté un rituel soufi ; de l'autre le bruitiste et performeur François R. Cambuzat, habitué aux caves punk et autres squats.

Leur musique peut déstabiliser, voire déplaire ; force est, cependant, de reconnaître une recherche, un projet, une audace derrière ces sons qu'on étiquette avec peine en tant que "rituel rock post-indus electro"...

Participatives, les prestations d'Ifrqiyya Electrique font en tout cas hurler et se libérer une foule impressionnante d'adeptes en communion ; abrogant, d'un même coup, la barrière traditionnelle entre artistes et publics, et donnant fortement matière à réflexion...

ZOOM

Cambuzat, musicien de l'extrême

Voyageur infatigable, amateur des expériences extrêmes, créateur chevronné avec plus de 4500 concerts à son actif, ayant - entre autres - joué à dix-sept ans à New-York avec Dizzy Gillepsie ou s'être produit au Tajikistan ou en Ouzbékistan, François R. Cambuzat a trouvé avec Ifriqiyya Electrique une nouvelle expérience à sa (dé)mesure - qui ne sera sûrement pas la dernière de son parcours ébouriffant.

Ecoutons-le : "J'aime ces musiques. Ce qu'il faut savoir sur eux est déjà écrit - très mal - sur Wikipedia, et c'est bien suffisant. Le reste des connaissances dépendra des litres de sueur que tu es prêt à verser pour t'approcher deux. Mon travail est motivé par l'élévation, la sueur, le sang, la poésie et les larmes - très loin d'une jolie carte postale en couleurs."

Matthias Turcaud