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RIO LOCO 2019 : les femmes et l’Afrique, le combo gagnant !

Tour d’horizon des festivités 100% féminine et teintées d’une belle africanité.

Programmation de grande qualité, florilège toujours plus savoureux de musiques africaines et de musiques du monde, voilà ce à quoi nous a habitué le festival Rio Loco depuis quelques temps.

Et cette année, pour sa 25ème édition, que nous réservait-il ? Des femmes en première partie, seconde partie et troisième partie. Inouï, impensable, inédit et pourtant vrai. Côté Afrique, on n’était pas non plus en reste.

Les hostilités démarrent jeudi 13 juin, sur la scène de la Prairie des Filtres, où l’icône féminine de la musique jamaïcaine, Jah9 & The Dub Treatment se produisait. L’artiste, un tantinet hors norme avec son vibrato puissant et ses rythmes reggae dub était ce jour-là sacrément bien inspirée.


Celle qui a été consacrée en 2016 par le magazine américain Billboard comme l’une des meilleures chanteuses reggae pour son album 9, a une présence charismatique, disons même mystique sur scène. Inspirée par le Rastafarisme, elle se produit sur les scènes reggae du monde entier et propose même parfois des séances « yoga on dub », pour « élever les consciences et réveiller les âmes », au cours desquelles respirations et méditations sont pratiquées.

Bien triste que nous sommes de n’avoir pu tenter cette expérience spirituelle, nous trouvons cependant du réconfort dans le hip-hop utltra énergisant de Muthoni Drummer Queen et le jazz funk gai de Lisa Simone, fille de la grande Nina. Jeudi soir se termine donc sous les meilleurs auspices. Nous dormons du sommeil du bienheureux sachant que demain nous réserve encore d’autres surprises.

Vendredi 14 juin, continuons avec Lakuta. Elle nous vient d’Angleterre. Groove et afrobeat au programme. Son attirail rythmique et percussif avec batterie, percussions et congas fait son effet. Et le propre des musiques afrobeat, instruments à vent en pagaille : sax baryton, soprano et ténor, trombone, trompette nous mettent en joie et en jambe également. Définitivement, l’afrobeat a des vertus que la raison ignore mais qu’importe, la soirée peut se poursuivre sur cette bonne lancée.


Si tant est que nous ayons besoin d’être boosté, nous découvrons la suite de la programmation : Eno Williams et sa musique aux racines anglaises et nigérianes. On était bien. On est maintenant sur-excités. Son style : une claque électro disco. Post-punk et puisant dans les sillons du highlife ghanéen, la musique d’Ibibio Sound Machine est à l’image de sa leadeuse, inventive, ultra-vitaminée et fraiche comme la rosée du matin.

Mention particulière pour le style vestimentaire de la chanteuse. Car elle porte ce soir-là une robe afro-futuriste qui lui sied à merveille. Quel est le nom de son styliste ? Dites-le nous vite ? Nous sommes bien sûr entièrement conquis par l’ensemble : le groupe, la chanteuse et son style.


Samedi 15 juin, c’est au tour de la chanteuse Oum de nous envouter avec ses sons si particuliers mêlant jazz, rythmes gnaouas et sahraouis. On admire la prestance sur scène de celle qui a le regard, l’attitude et l’intensité de ce peuple nomade du Sahara. On découvre sa musique issue de son dernier album sorti cette année.

Daba signifie maintenant. Elle chante pour nous et semble nous susurrer comme une exhortation à vivre l’instant présent, à être dans l’Ici et maintenant.

Tiens, tiens comme une impression de déjà-vu. Eh oui, c’est que l’univers de la pleine conscience et du yoga s’immisce partout actuellement. Oum propose ainsi une musique dans l’air du temps aux sonorités quelque peu plus expérimentales que ce à quoi elle nous avait habitués. Surprenant ? Lâchons prise et écoutons.

Dernière journée de festival et pas des moindres, dimanche 16 juin, Flavia Coelho et Angélique Kidjo clôturaient Rio Loco sur la grande scène de la Prairie des Filtres !

A propos de Flavia Coelho, nous sommes prévenus en lisant le programme : « Ses performances sont explosives, sa fougue volcanique, ses rythmes ravageurs et ses chansons, toujours ensoleillées. » Et c’est en effet une boule d’énergie sautillante et revigorante que l’on voit arriver sur scène, guitare en bandoulière et gouaille brésilienne au corps. Avec ça, un clavier et une batterie et le tour est joué.

Ces deux musiciens et Flavia Coelho mettent une ambiance proprement de feu sur la scène et parmi le public jusque-là quelque peu ralenti pas la chaleur caniculaire de ce dimanche après-midi on observe du coin de l’œil certains sautiller de manière erratique et joyeuse.


Etonnante performance qui plus est lorsqu’on découvre le large panel de styles musicaux interprétés par le groupe. Au fil du concert, on passe de la bossa nova, la samba, la pagode, le forro aux sonorités actuelles (funk, hip-hop, groove, reggae, ska, dub…) sans impair et sans fausse note. On profite ainsi d’1h15 de concert en compagnie de Flavia Coelho. Pas désagréable. Loin de là.

ZOOM

Et pour finir en beauté, Angélique Kidjo

Nous terminons l’édition 2019 de Rio Loco avec celle ayant déjà raflée trois Grammy Awards, celle qui « repousse les frontières du latin jazz, creuse les racines africaines de la salsa », LA diva franco-béninoise, l’invitée d’honneur du festival toulousain, Angélique Kidjo.

Après avoir rendu hommage par le passé à Miriam Makeba et Nina Simone, elle revient ce soir pour nous régaler en interprétant des morceaux de la délicieuse salsera Célia Cruz.

Elle nous offre ainsi des musiques simples et vivifiantes, de celles qui sonnent comme des classiques à nos oreilles aficionadas.

Elle enchaine avec fluidité et beaucoup de grâce de nombreux morceaux de Célia Cruz dont Quimbara. Puis Mama Africa et Pata Pata (Miriam Makeba) accompagnée de Flavia Coelho !

Décidemment, où puise-t-elle toute cette énergie ? Le morceau nous emporte et nous scotche.

On rentre chez soi en se disant que vraiment ces femmes ont de sublimes, personnalités et voix et que finalement la version #metoo du festival Rio Loco est belle et bien une réussite et une expérience à reproduire le plus souvent possible.

Eva Dréano