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L’ART comme arme de développement massif

Il est temps pour tous ces objets de rentrer à la maison !

Le collectionneur Jean-Loup Lévêque, bien avant que le Président Macron n’exprime son souhait de « restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain », a décidé de restituer les oeuvres acquises durant près de 40 ans.

La vente aux enchères organisée à Paris le 27 novembre prochain par le Fonds de dotation Lévêque sera donc le véhicule de ce retour, son produit étant intégralement reversé à des associations participant au développement local sur le continent.

L’ambition du Fonds est que chaque objet mis en vente soit porteur de prospérité pour les populations locales, comme un enfant qui rentre au bercail – à la fois enrichi de tout ce qu’il a traversé, et profondément heureux de retrouver ses racines.

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Jean-Loup Lévêque (à droite) entouré de l'équipe du fonds de dotation qui porte son nom.

L’histoire d’un retour impossible

« Je me voyais déjà raccompagner ces objets, par bateau, sur leurs terres natales », explique Jean-Loup Lévêque.

Mais après une visite de quelques musées dans les pays d’origine, il acquiert la certitude que, sans conditions idoines de mise en valeur et de sécurité, ces objets ne tarderont pas à revenir en Occident à travers le marché noir.

Après 40 ans de collection passionnée, il crée alors en 2015 un fonds de dotation auquel il lègue ses œuvres, et qui sera chargé d’organiser une vente aux enchères pour financer des actions tangibles de développement au plus près de populations africaines. Fin 2017, alors que commence en France un débat acharné quant aux modalités que devrait prendre la restitution prônée par le Président, l’équipe de cinq personnes entame un inventaire méthodique des œuvres et se lance à la recherche d’un expert pour les évaluer.

Elargir le cercle des amateurs d’art

Le 27 novembre, l’amateur d’art trouvera de nombreux masques et statues, dont certains de très grande valeur. Néanmoins, parmi les 106 objets qui seront mis en vente, plusieurs sont des objets utilitaires : des éléments de métier à tisser, des bâtons, des peignes, de petites poupées… Cette composition hétéroclite, témoignage d’une collection bâtie par passion et curiosité plus que par spéculation, est un atout dans ce projet singulier : « C’est l’occasion d’attirer des personnes qui sont peut-être éloignées du monde de l’art tel qu’il se définit et fonctionne traditionnellement ».

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Lot n° 25 : ensemble de trois poupées de fertilité (Cameroun)

C’est d’ailleurs dans cet esprit que les mises à prix ont été volontairement fixées à un niveau plutôt faible : entre 50 et 200€ pour environ un tiers des objets !

« J’ai été frappé d’entendre un jour un homme, ivoirien, expliquer que tous les masques fondateurs, qui ont servi pendant des millions d’années à donner identité et unité, sens et direction à son groupe socio-culturel, sont aujourd’hui en Europe où ils sont considérés comme de « simples » œuvres d’art », confie Jean-Loup Lévêque.

L’espoir est donc que les « œuvres » partent chez des personnes qui, afro-descendantes ou non, y trouveront, au-delà de l’esthétique et de la valeur fixée par le marché, une portée symbolique ou philosophique, peut-être des souvenirs d’enfance ou des émotions enfouies, et bien sûr, un élan sincère de solidarité. Cet espoir préside également au choix du lieu, « La Salle », situé non loin de l’Hôtel Drouot mais plus décontracté !

Poser des actions concrètes en faveur du continent

Deux critères essentiels ont guidé le choix des actions qui seront menées en Afrique suite à la vente : que les projets soient gérés par des femmes (la vente est d’ailleurs parrainée par Damarys Maa, figure de la cause des femmes africaines), et qu’ils soient portés par des structures ayant fait leurs preuves dans le développement local.

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Formation à la couture animée par l’association Kotemubo (Rwanda), bénéficiaire de la vente aux enchères.

ZOOM

Un événement dédié aux associations

Partie intégrante du projet, les projets et les associations seront mises à l’honneur, la veille de la vente, à travers un événement dédié qui se tiendra au même endroit et sera animé par le journaliste et producteur de médias Amobé Mévégué.

On y découvrira des initiatives de formation de femmes à l’agroécologie ou à la couture, présentées par celles qui en sont à l’origine au Mali ou au Rwanda.

On y verra également la dernière création du chorégraphe et chercheur en danse africaine Alphonse Tiérou.

Un rendez-vous à ne pas manquer !

Maxime Bonin