Restaurant / comores

AHAMADA BINALI, la fête de la cuisine africaine

Les Comores (et plus !) dans l'assiette

Le chef comorien Ahamada Binali a développé "Massiwani Traiteur" (qui veut dire "traiteur des îles" en comorien), et donne actuellement vie à un projet qui lui tient très à coeur. Rencontre...

Comment le goût de la cuisine vous est-il venu ?

Ahamada Binali : C’est une passion qui m’est née dans l’exercice du métier. Et mes différents voyages aux Comores et au sein d’autres pays en Afrique ont permis d’enraciner l’envie de m’y inscrire dans la durée.

Quels produits, découverts pendant votre enfance, restent très importants pour vous ?

Ahamada Binali : Ma mère cuisinait des produits différents, ce qui m'a permis d’ouvrir mon palais. Les produits les plus marquants sont pour moi, le riz, à la base de notre nourriture et le poulpe (grillé).

Quel rapport entreteniez-vous avec la nourriture étant petit ? Alliez-vous souvent au marché ? Observiez-vous des gens cuisiner autour de vous ?

Ahamada Binali : Les plats à base de riz mais aussi les sauces ont permis d’éveiller mon palais. Ma relation avec cette nourriture fut celle d'un enfant lambda du pays.

Je viens d’un territoire où l’on fait peu de stock de nourriture. Nous achetons des produits frais au marché pour une consommation quotidienne. Il se trouve que je suis l’ainé d’une fratrie et qu’à ce titre, j’avais la charge d’aller au marché avec ma mère. Enfin, hormis celle-ci, j’ai vraiment très peu eu l’occasion de voir d’autres personnes cuisiner.

En 2014, vous fondez "Massiwani Traiteur", pour mettre à l'honneur les saveurs d'Afrique. Comment ce projet a-t-il pris forme ?

Ahamada Binali : Au travers des gastronomies, je souhaitais faire découvrir une Afrique du goût aux Africains eux-mêmes en leur présentant une nouvelle façon de percevoir les produits et saveurs du continent, notamment en décomposant ces derniers et en les réassociant afin de proposer de nouveaux plats. Ensuite, il s’agissait de restructurer, en vue du marché mondial, cette cuisine afin qu’elle puisse correspondre aux standards de qualité propres aux cuisines les plus prisées.

Quelles recettes ou ingrédients du continent aimez-vous en particulier ?

Ahamada Binali : J’aime les tubercules, j'ai aussi un goût prononcé pour le fonio, ainsi que pour le gombo.

Comptez-vous vous établir prochainement sur le continent africain?

Ahamada Binali : Effectivement, j’envisage de m’installer aux Comores dans les prochaines années, et ce, au travers d’un projet de complexe hôtelier, orienté vers la formation de la relève culinaire sur nos îles. D’autre part, je souhaite pouvoir intervenir à titre de consultant dans les différents pays d’Afrique.

Avez-vous inspiré de jeunes apprentis cuisiniers ou cuisinières aux Comores ?

Ahamada Binali : A ma grande surprise, lors de chacun de mes séjours aux Comores, je rencontre de plus en plus de personnes pour me dire s’être entichées pour la cuisine, à mon contact, et qui souhaiteraient acquérir une expérience en salle à mes côtés.

Comment le métier est-il perçu là-bas ? Existe-t-il actuellement des écoles de cuisine, d'hôtellerie ?

Ahamada Binali : Depuis quelques années, le métier rencontre une nouvelle génération de passionnés, malgré le manque de structure hôtelière.

Vous nourrissez de grandes ambitions, et considérez la cuisine comme un socle de développement incontournable. Pourriez-vous développer ?

Ahamada Binali : Je considère que la gastronomie fait partie de ces métiers qui possèdent une importance, à proprement parler, vitale. A ce titre, elle devient une source inépuisable dans toute chaine de système économique. Aussi, les Comores m’ont-ils fait comprendre que je pratique un métier qui avait fort à gagner en se mêlant au secteur touristique.

ZOOM

Au menu !

Un menu récent d'Ahamada Binali :

- African Burger 

- Purée de carotte gingembre, tomate confite, tomate confite à l'huile de coco et magret de canard 

- Toast saumon cuit à froid, crème de topinambour au coco et artichaut mariné 

Matthias Turcaud