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L'envoûtante YUGEN BLAKROK renouvelle le hip-hop !

I.O.T. Records / Iapetus Records

Un deuxième album aussi hypnotique que le premier

Responsable, déjà, de deux albums marquants, Yugen Blakrok a aussi, entre autres, contribué à la bande-son très plébiscitée de "Black Panther".

Séduits par la poésie de ses textes et son charisme magnétique, nous avons eu l'occasion de lui poser quelques questions. Rencontre. 

Comment le goût de la musique vous est-il venu ?

Yugen Blakrok : Par la télévision dans les années 90 et l'émergence des clips et du hip-hop. 

Enfant, baigniez-vous dans un environnement musical fort ? 

Yugen Blakrok : Pas d'une manière flagrante, je crois. Cela dit, ma famille a plutôt la fibre artistique. Certaines fois, je pense avoir atterri dans le monde de la musique sans réellement l'avoir voulu. Et d'autres fois, je ne peux pas imaginer avoir choisi une autre voie. 


Quand avez-vous décidé de devenir chanteuse ? 

Yugen Blakrok : J'ai commencé à caresser l'idée quelques années après le lycée. Je m'étais entre temps investie dans le hip-hop, à travers des personnes rencontrées au Cap, à Grahamstown ou Port Elizabeth. 

Quelles ont été vos principales influences musicales ? 

Yugen Blakrok : Une de mes premières influences a été la burundaise Khadja Nin, qui chantait avec une si belle et profonde tristesse, qui m'a beaucoup interpellée même si je ne connaissais pas la langue. Jusqu'à présent, quand je l'entends, de vieux souvenirs refont surface. J'aime toujours sa voix. 

Où trouvez-vous l'inspiration pour vos chansons ? Vous vient-elle facilement ? 

Yugen Blackrok : Même si le style d'écriture peut s'avérer assez abstrait, l'inspiration vient de l'expérience personnelle, tout autant que d'un processus de création et de réflexion. 


Quels thèmes vous intéressent-ils le plus ? 

Yugen Blakrok : L'exploration du visible et de l'invisible, les mécanismes de la pensée, la spiritualité. 

On vous sent très à l'aise avec les mots. Lisez-vous beaucoup ? 

Yugen Blakrok : J'essaye de lire le plus possible quand j'en ai le temps. J'aime solliciter mon cerveau. 

Comment avez-vous développé votre "flow" ? 

Yugen Blakrok : Avec le temps, et beaucoup de pratique (rires). En écoutant les plus grands, en observant et en apprenant leurs techniques, comme le contrôle de la respiration. 

Pourquoi avoir choisi le hip-hop ? Qu'est-ce qui vous plaît en particulier dans cette forme musicale ? 

Yugen Blakrok : Son énergie, son côté militant, sa noirceur et sa fréquente mélancolie. 


Comment votre collaboration avec Kanif the Jhatmaster se passe-t-elle ? 

Yugen Blakrok : Nous nous sommes rencontrés dans le quartier de Soweto, à Johannesburg il y a une décennie, et nous avons constaté que nous partagions une même vision à travers nos parcours respectifs. Nous faisons de la musique ensemble depuis lors. 

Vous avez fait l'ouverture de "Hip Hop Kemp" en 2016, en République Tchèque. Comment cela s'est-il passé ? 

Yugen Blakrok : La ferveur durant notre prestation a été énorme. Ça a été une belle surprise de voir tant d'enthousiasme, alors que nous ne nous étions encore jamais produits là-bas. Nous sommes retournés en 2019 sur la scène principale, et ça a été un des points culminants de cette tournée. 

Comment en êtes-vous arrivée à chanter sur le film "Black Panther" ? 

Yugen Blakrok : Sounwave, le producteur de Kendrick Lamar, m'a contactée pour participer à un projet secret, qui s'est révélé être la bande-son de "Black Panther". Je suppose qu'ils ont cherché parmi les artistes sud-africains, et ont découvert ce qu'on faisait. 

Quelles sont finalement les principales chansons qui vous font chanter ? 

Yugen Blakrok : L'expression de soi ; l'art pour la seule et l'unique cause de l'art. 

ZOOM

De "Return of the Astro-Goth" à "Amina Mysterium"

Votre deuxième album, "Anima Mysterium", sorti en février 2019, s'inscrit-il dans la continuité de votre premier, "Return of the Astro-Goth" ?

Yugen Blakrok : "Anima Mysterium" ressemble à "Return of the Astro-Goth" dans la mesure où ils captent tous deux une époque.

On peut cela dit relever une évolution, dans l'écriture et la production, de ma part comme de celle de Kanif. La période entre ces deux albums a été marquée par des expérimentations et des apprentissages.

Nous étions en tournée, et avons élaboré certaines de nos chansons sur la route, avant de les tester devant nos différents publics - dont une grande partie ne comprenait pas la langue -, ce qui conduisit à beaucoup de travail et de communication non-verbale ! 

Matthias Turcaud