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IDYLLE MAMBA, soleil centrafricain

La musique pour cautériser bien des plaies, et transmettre la joie

Pour oublier les tracas afférents au Covid 19, rien de mieux que le clip enjoué "Bande de Bangui" et la folie douce qu'il prodigue !

Nous avons pu rencontrer la chanteuse centrafricaine Idylle Mamba, qui pour l'occasion s'est associée avec le collectif lyonnais Electri Safari.

Comment la rencontre a-t-elle eu lieu entre Electric Safari et vous ?

Idylle Mamba : Je travaillais avec un agent qui s’occupait de ma promotion et de mes tournées européennes. Il avait eu l’occasion de découvrir Electric Safari sur scène. Quelques mois plus tard, il organisait un concert sur Lyon dans lequel je venais jouer. Il a proposé à Electric Safari de partager la scène et, petite folie, de jouer deux morceaux ensemble. On a fait une répétition et l’alchimie a opéré le soir du concert, on ne s’est plus quitté depuis ce jour.


Pouvez-vous nous traduire un passage des paroles en Sango ?

Idylle Mamba :

Mo si na Bangui é mo kè wara vekè
Si tu arrives à Bangui, tu trouveras du vèkè
Mo si na Bangui éé mo kè wara dadawan
Si tu arrives à Bangui, tu trouveras du dadawan
Mo si na Bangui ééé mo kè wara chouya
Si tu arrives à Bangui, tu trouveras des méchouis
Mo si na Bangui é mo kè wara yé kwè
Si tu arrives à Bangui, tu trouveras un peu de tout

Comment le clip "bande de Bangui" a-t-il vu le jour ?

Idylle Mamba : Anne-Laure Etienne est une amie du groupe depuis longtemps. Elle travaille également avec Pierre Paturel, le trompettiste du groupe avec qui elle réalise beaucoup de clips vidéos. Elle avait fait nos photos de presse dont nous étions tous très contents. Son oeil et sa poésie nous touchent beaucoup, c’est tout naturellement qu’on lui a confié la réalisation de notre premier clip.


Le clip est très coloré et festif, mais aussi chorégraphié avec soin. Combien de temps avez-vous mis pour le réaliser ?

Idylle Mamba : La préparation du clip a été finalement assez courte, quelques semaines je dirais. Le plus compliqué était l’organisation du planning. Il a fallu caler en 2 jours de shooting le changement des trois décors, l’ordre de passage des dix musiciens, ce qui n’était pas une mince affaire, la coiffure, le maquillage et les tenues. Amy Winterbotham, notre scripte a été d’une aide précieuse.

Comment avez-vous travaillé avec la réalisatrice Anne-Laure Étienne ?

Idylle Mamba : L’idée venait d’elle, une idée simple, créer des décors avec des plantes (la plupart venaient de chez Jeremy et Pierre du groupe), des fonds de couleurs et des tenues colorées et jouer en playback par groupes de 2 à 10 face caméra. Les inspirations sont venues d'elle, on est simplement venus avec notre bonne humeur et notre folie pour s’amuser dans ce décor.

Comment êtes-vous devenue chanteuse ?

Idylle Mamba : Je ne suis pas devenue chanteuse, la musique est venue à moi aussi naturellement je dirai. Je suis quelqu’un de très timide en général, et, en plus de cela, je   vivais dans une société où à l’époque, les jeunes filles n’avaient pas beaucoup droit à la parole, et devaient juste accepter de faire ce qu’on leur disait. Cela s’ajoute au fait que j’ai perdu très tôt ma mère qui était mon bouclier, ça m’a engendré énormément de peine. Pour soigner cette peine, je me suis mise à chanter, d’abord les chansons qu’écoutait ma mère, ensuite ma première chanson qui lui était destinée.

Quand je chantais, j’avais l’impression de voyager, de vivre dans un autre monde, j’inventais mon monde et à chaque fois ça m’apaisait. Petit à petit, j’ai commencé à écrire et à chanter ce que je ne pouvais dire en tant que jeune fille de vive voix... la musique est devenue ma psychanalyse.


Baigniez-vous beaucoup dans la musique, enfant ?

Idylle Mamba : Oui, dès l’âge de 7 ans, j’allais à l’église avec mes parents pour chanter et je participais à tous les évènements culturels. C’est à moi qu’on confiait déjà toute petite les solos vocaux à la chorale de l’église.

Quels seraient vos artistes de référence, vos influences principales ?

Idylle Mamba : Léonie Kangala de la République centrafricaine, Miriam Makeba de l’Afrique du Sud, Lokua Kanza du Congo Kinshasa, Susheela Raman, Ella Fitzgerald et beaucoup d’autres que j’adore. J’aime voyager en musique.

Qu'éprouvez-vous quand vous chantez ?

Idylle Mamba : C’est indescriptible. Je suis tout simplement heureuse, la musique est magique et transmet des émotions que je ne peux décrire, j’en profite à chaque fois que j’en ai l’occasion.

Quels projets nourrissez-vous actuellement ?

Idylle Mamba : Avant de collaborer avec Electric Safari, je jouais avec beaucoup d’autres musiciens pour mon projet solo. Je continue d’ailleurs d’écrire des chansons pour moi. Je prépare également un album. Mais, en ce moment, je me concentre sur le projet avec Electric Mamba, car on a beaucoup de belles choses encore à vous faire découvrir dans les mois à venir...

Remerciements chaleureux à Idylle Mamba et son attaché de presse, Xavier Chezleprêtre.

ZOOM

Centrafrique, pays aux diamants bruts

Que pouvez-vous nous dire de la scène musicale centrafricaine actuelle, en termes d'artistes, d'événements et de structures ?

Idylle Mamba : Il se passe énormément de choses magnifiques sur la scène culturelle centrafricaine. Les artistes, les talents, ça ne manque pas, mais, malheureusement nous n’avons pas de structures d’accompagnement pour permettre à ces artistes de s’exporter sur des scènes internationales, ou même de vivre de leur art à l'échelle nationale, par manque d’événement aussi.

Pas de festival, pas de salle de concert, enfin rien qui puisse vraiment les aider à se professionnaliser. Malgré tout, il y a plein de talents bruts qui ne demandent qu’à éclore.

Matthias Turcaud