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REGIS KOLE, un oiseau libre qui s'inspire d'Al Jarreau et Manu Dibango

Prodbyme

D'un optimisme indéboulonnable

Auteur cette année d'un single très entraînant et à la joie insolente, Régis Kole a accepté de revenir pour Africa Vivre sur sa trajectoire, ses influences et ses différents choix de carrière. Rencontre.

Comment êtes-vous devenu musicien ?

Régis Kole : Je suis devenu musicien car la musique était l’un des rares espaces de liberté que j’avais. En grandissant dans un cadre familial essentiellement tourné vers les études, dans des ambiances géopolitiques “compliquées”, la musique est vite devenue une bulle d’air essentielle.

Quelles influences principales vous ont-elles nourri principalement, notamment sur le continent africain ?

Régis Kole : Des USA à la France en passant bien sûr par l’Afrique. Avez-vous 2 jours devant vous (rires) ? Car la liste risque d’être très longue .

Plus sérieusement, en Afrique, les voix sud-africaines des Ladysmith Black Mambazo, Manu Dibango, Daara J Family au Sénégal, Sagbohan Danialou au Bénin, Patorankin ou Davido au Nigéria, Lokua Kanza au Congo... il y en a tellement.


En 1994, vous avez fondé le quartet vocal "Esteem Akapella". Quel souvenirs en gardez-vous ?

Régis Kole : Les meilleurs qui soient, une aventure humaine et vocale de 4 jeunes étudiants qui parcourent les scènes et les festivals avec leur voix (seulement) pour le seul plaisir de chanter a capella. Beaucoup de travail, beaucoup de rencontres et c'est là que j’ai appris mon métier.

Comment Mouss Diouf vous a-t-il repéré ?

Régis Kole : Le programmateur de son Club “Le Reservoir” nous avait demandé de passer un soir. Il y avait une soirée privée, à laquelle nous n’étions pas conviés. Nous avons choisi ce samedi soir là. Le vigile à l’entrée n'a pas voulu nous laisser entrer. Mouss Diouf est arrivé. Et je lui ai expliqué la situation. Nous avons chanté dans la rue devant la longue file qui attendait de rentrer dans son club. Il a été séduit et nous a fait monter sur scène sur le champs... devant certains membres de l’équipe de France de football et leurs invités. Et voilà comment tout a commencé.

Cette année, votre single "Free like a bird" a beaucoup fait parler de lui. Vous sentez-vous ainsi, libre comme un oiseau ?

Régis Kole : Libre oui, c’est un mot qui me convient bien. Je ne peux rien faire sans être libre de mes choix et de mes opinions.

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L'affiche de "Free like a bird" est particulièrement inspirée. Qui l'a réalisée ?

Régis Kole : Cette belle affiche est l’ouvre d’un artiste graphiste de talent qui s’appelle Vincent Turbet Delof.

Pourquoi avez-vous choisi de chanter en anglais ? Pour accéder à un public large ?

Régis Kole : Non pas seulement, mais c’est un choix conscient cependant. Ma voix semble plus grave lorsque je chante en francais. En revanche, en goun - langue du Bénin -, et en anglais, ma voix est plus épanouie.

Pourriez-vous également chanter dans d'autres langues ?

Régis Kole : Oui bien sûr, j’ai déjà chanté en goun, en wolof, en portugais, en anglais, en français... La langue n’est pas le problème et ne devrait jamais l’être. C’est l’émotion que l’on met dans les mots et dans les mélodies qui touchent les cœurs, pas la langue. C’est une conviction.

Comment travaillez-vous avec votre label Prodbyme ?

Régis Kole : Bien. Très sereinement et en total confiance avec Noam Kaniel et Fb cool avec lequel je compose également.


Comment résumeriez-vous votre album "Optimistic Soul", sorti en 2009 ?

Régis Kole : Un album simple et varié, très optimiste, chanté en français justement. C’est mon premier opus, il est arrivé un peu par hasard à la suite d’un cour de guitare qui s'est terminé en studio. 11 titres qui voulaient sortir !

Vous avez choisi, en 2010, de mettre votre carrière entre parenthèses pour faire connaître d'autres artistes. Que tirez-vous de cette expérience ?

Régis Kole : Produire "Afrique en scène" au Bataclan fut une expérience très enrichissante, diffusée dans 55 pays. Nous avons atteint notre objectif : faire connaître une nouvelle scène africaine à l’heure où les médias français n’ont d’yeux et d’oreilles que pour certains artistes reconnus. C’était osé, je suis très heureux d’avoir offert cette belle visibilité à des artistes comme Imany, Fafa Ruffino, Amen Viana, Lokua Kanza, William Baldé, Mariana Ramos... et tant d’autres.

Vous préparez actuellement le spectacle "The singing child's journey". Pouvez-vous nous en dire plus ?

Régis Kole : Le spectacle "The journey of a singing child" retrace mon enfance à travers 3 continents : Afrique, Europe, Amérique, des cultures différentes qui s'entrechoquent mais qui sont en définitive intrinsèquement liées. C'est un récit autobiographique du parcours initiatique qui m'a mené à la musique. Récits et chansons s'entremêlent dans une ambiance teintée de joie, de peur, et d'espoir. La bande originale du spectacle annonce la sortie de mon prochain album.

Que retenez-vous, sinon, de vos collaborations avec Koffi Olomidé et Al Jarreau ?

Régis Kole : A Bercy en première partie de Koffi Olomidé ou avec Al Jarreau, lors d’un de ses concerts à l’Olympia. Beaucoup de respect, de joie et d’humilité.

Où puisez-vous l'énergie qui innerve vos chansons ?

Régis Kole : Je ne sais pas ! Mais j’en ai encore tellement à offrir.

ZOOM

Souvenirs de Manu Dibango

Vous avez collaboré avec Manu Dibango. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?

Régis Kole : Manu est « toujours dans le coin », comme il aimait le dire. Pour moi il a été un parrain, un modèle inspirant qui a toujours su se mettre au service des jeunes générations.

Faire ses premières parties et enregistrer ce titre Tché Tché Koulé a été un immense honneur. Paix à son âme.

Matthias Turcaud