La Merveille de Yenenga, l'éternelle rebelle

Que ce récit joue sur les alliances de termes par son intitulé ne saurait étonner.

La Merveille de Yenenga, l'éternelle rebelle, est le produit d'une audace. Marie-Jose Hourantier s'engouffre dans « la bouche déchirée » du griot pour faire sienne cette histoire de la princesse Poko datée du douzième siècle et qui nous vient de la tradition orale mossé.

Mais si le mensonge est le propre de « la bouche déchirée », comment lui donner les couleurs du temps de sa narration ? Se soustrayant à la tútelle de l'inspiration des Esprits ancestraux, Marie-José Houraptier réussit le pari d'une parole double relevant à la fois de sa narration et de celle qu'offrent les illustrations d'Annick Assémian.

Nos deux collaboratrices vont plus loin en replaçant cette histoire des origines construite sur fond de chevauchées guerrières, de cavalcades, de violence, mais aussi d'amour au cœur de la modernité. Cest dans les leçons de l'exil, plus que jamais d'actualité, que Marie-José Hourantier invite le lecteur à puiser la sagesse qui peut faire de lui le « faiseur de monde » que furent, dans le passé Yenenga et son époux de chasseur, Rialé.

C'est, en effet par de multiples renoncements qui font passer de la violence à la maîtrise de cette même violence, les différentes épreuves initiatiques et les conduites qui en découlent, que nos deux jeunes héros donnent le gage d'une innutrition nécessaire aux meilleures métamorphoses. L'exil, ce renoncement à la terre des ancêtres bien-aimée, devient le détour obligé d'une élévation de soi. Ce récit où sont convoqués savoirs militaire, politique, social, tout comme le savoir ancestral transmis par les dozos et leurs rituels constitutifs du monde obscur des chasseurs trouve sa fin dans une synthèse harmonieuse grâce à l'amour.

Nul doute qu'il saura captiver et interpeller le lecteur d'aujourd'hui.

Béatrice N'guessan Larroux

À partir de 10 ans