Mounira-Mitchala-2Juin 2013 / Concerts / Tchad
4 etoiles
Mounira Mitchala ou la douceur incarnée
Petit Bain à Paris le 2 juin 2013
Le concert de Mounira " la radieuse " a clôturé la 4ème édition du festival L'Afrique dans tous les sens.

 

Invitée à clôturer le festival L’Afrique dans tous les sens ce dimanche 2 juin 2013 au Petit Bain, Mounira Mitchala la bien nommée « Panthère douce », se révèle également savante ensorceleuse.

En effet, c’est sans crier gare, que ce soir-là elle a su nous entortiller entre les mailles… du voile délicat et soyeux dont elle s’est gracieusement vêtue et que sa voix nous a transporté dans des contrées lointaines et désertiques.

Un début de concert balbutiant

Dimanche soir oblige, dernière ligne droite d’un festival s’étendant sur plus d’une semaine et malgré une liste impressionnante de partenaires médias, la salle ne bat pas son plein. Le groupe démarre en trombe comme pour mieux combler un manque de public ou d’assurance.

Durant les quatre premiers morceaux, qui paraissent plutôt être extrait de son premier album Tabou Lena (2009), Mounira trouve doucement son rythme, tout en distribuant généreusement ses danses délicieuses et millimétrées.

 

Mounira-Mitchala


La chanteuse féline se dévoile peu à peu

À partir du morceau Annil, extrait de Tabou Lena, Mounira s’empare de la scène et du public, dans un même bond. Sa voix maintenant déployée prend le dessus sur les instruments. Elle est alors tantôt grave et lancinante, tantôt virvoltante et débordante d’émotions tues. Ces émotions, ce sont celles qu’elle ressent à la pensée des violences faites aux femmes en Afrique et plus particulièrement au Tchad, son pays d’origine.

L’avancée du désert en Afrique, est également un sujet qui la préoccupe. Et c’est avec Al Sahara, une belle ballade à la sauce tchadienne qu’elle poursuit de plus belle sa route.

Son deuxième album Chili Houritki (2012), arrangé et produit remarquablement par Camel Zekri, a la part belle de cette deuxième partie de soirée. Soirée qui est ponctuée de riffs de guitare délicatement exécutés, de rythmes groovés à l’aide de percussions et de la grosse caisse et enfin de quelques énergies rock qui ne sont pas pour nous déplaire.

 

Interview de Mounira Mitchala

 

ZOOM

Une route déjà ornée de trophées

Mounira gagne ses premiers éperons de chanteuse en 2007, avec le prix découverte RFI qu’elle reçoit des mains propres du président du jury, Salif Keita.

Deux années auparavant, elle participait déjà au projet African Divas, sous l’égide du DJ electro-world Fred Galliano. En 2008, ses pieds foulent pour la première fois la scène du festival Musiques métisses d’Angoulême. Première musicienne tchadienne distinguée aux Kora Awards, en décembre 2012, elle signe la même année son deuxième opus avec le label Lusafrica.

Pour couronner ce tableau impressionnant ainsi que son beau visage gracile, elle continue aujourd’hui de mener de front deux carrières : celle d’artiste et celle de fonctionnaire au sein du palais de Justice de N’Djamena.

Enfin, Mounira « la radieuse », cette artiste seulement âgée de 33 ans, est celle qui a de quoi laisser presque sans voix tout en sachant toujours trouver son souffle.

Eva Dreano