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Doum Pah de Mawndoé

Autoproduction

Le deuxième album solo de Mawndoé, ex-membre du célèbre groupe de rap burkinabè Yeleen, est un véritable kaléidoscope musical.

Tâche difficile que de classifier Mawndoé et sa musique. À l’image des différentes carrières artistiques qu’il embrasse (il est aussi sculpteur, directeur artistique et directeur de festival), sa vie est riche des nombreuses cultures qu’il porte en lui.

Né au Tchad, immense pays du Sahel baignant dans deux sphères culturelles, le monde arabe et l’Afrique noire, Mawndoé a passé une grande partie de sa vie d’artiste au Burkina Faso. Et comme on ne devient pas prophète dans son propre pays, c’est au pays des hommes intègres que sa carrière connaîtra une prodigieuse ascension.

En 2001, il y crée avec Louis Salif Kiékiéta le groupe Yeleen. Alliant la voix mélodieuse de Mawndoé au rap « conscientisateur » de Louis Salif Kiékiéta dit Smarty, Yeleen devient vite un phénomène au Burkina Faso avant de conquérir l’ensemble de la jeunesse ouest-africaine.

mawndoe

Au bout de dix ans, après avoir réalisé cinq albums et reçu de multiples récompenses, le groupe se sépare. Mawndoé se lance alors dans une carrière solo et sort son premier opus en 2011, Daari. Un album éclectique au style déjà inclassable. Remarqué, ce disque lui permettra de tourner en France et d’y entamer une résidence artistique avec plusieurs musiciens de l’hexagone, les mêmes qui composent aujourd’hui son nouveau groupe.

Avec « Doum Pah », Mawndoé brouille une fois de plus les pistes. Les dix titres sont de petits bijoux mélodiques aux genres différents. En résulte un album kalédisocope composé de chants gospel a capella (« Yal bouta » avec le groupe H’Sao), titres plus soul/afro-jazz (« Mon pays »), électro pure (sur le titre « Doum Pah »), belles ballades guitare/voix accompagnées au violon et au piano (sur le superbe « Gue ya ») ou en acoustique (le doux titre « Princesse Yenenga »). Les rythmes et vocalises sont à puiser dans les cultures multiples qu’a côtoyées Mawndoé, que ce soit au Tchad comme au Burkina Faso.

L’homogénéité de l’ensemble tient finalement à l’écrin délicat et puissant qu’est la voix de Mawndoé. Sur des textes en n’gambaye (langue tchadienne), arabe, anglais, moré (langue burkinabè), kabalaye (autre langue tchadienne) et français, elle se fait tantôt douce et voluptueuse, ou plus saccadée, selon les langues chantées et les rythmes joués.

Dans « Doum Pah » Mawndoé évoque sa vie et ses prises de position (« J’assume »), son pays et les difficultés de ses habitants (« Mon pays »), la légende de la princesse Yenenga, figure historique à l’origine de la naissance du peuple Mossi au Burkina Faso.

Il donne ainsi vie au proverbe du titre éponyme de son album. « Doum Pah » signifie : « Ce que l’on ne peut exprimer, mais avec lequel on est condamné à vivre, à moins de le chanter et de le danser pour s’en libérer ». Ecoutez « Doum Pah » et vous vous sentirez plus libre !

ZOOM

Festival Neige au Sahel, le défi de Mawndoé

Malgré les grandes difficultés liées à l’organisation de tels évènements sur le continent africain, Mawndoé réussit à organiser en 2012 un festival intitulé Neige au Sahel, en référence à la présence de musiciens du Nord et du Sud au Tchad pour l’évènement. 

Cette année, au mois de novembre, et malgré le peu de moyens mis à sa disposition, Mawndoé entend réitérer l’exploit en mettant en place une nouvelle édition de Neige eu Sahel. La conférence de presse lançant l’opération s’est tenue le 13 septembre dernier dans les locaux de l’Ambassade du Tchad à Paris. 

Au cours de cette conférence, Mwandoé a annoncé que de nombreux artistes seront présents au Festival Neige au Sahel, parmi lesquels le groupe H’Sao, venu du Canada, qui bien que tchadien, n’a jamais joué au Tchad faute de moyens, A’Salfo du groupe Magic System, l’humoriste ivoirien MC Mareshal Zongo. Mawndoé profitera de l’évènement pour lancer officiellement la sortie de son album « Doum Pah » au Tchad.

Lola Simonet