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Viva Africando : le retour des dieux de la salsa africaine

Syllart Productions

Après 7 ans d’absence, Africando est de retour. 8ème coup de tir, Viva Africando réunit de nouveau l’Afrique et sa diaspora autour d’un bijou de sons afro-cubains.

Produit entre Dakar, Bamako, Paris et New-York, l’orchestre de all stars panafricain ne déroge pas à ses promesses. Toujours affreusement dansant, il défie les plus grands orchestres de salsa.

Viva Africando est le fruit d’un travail collectif. « Ando » signifie justement ensemble en wolof. Deux hommes sont cependant les chefs d’orchestre de ce projet. Le producteur sénégalais Ibrahim Sylla, disparu un mois après la sortie de Viva Africando, et l’arrangeur-compositeur Bocana Maïga.

Ibrahim Sylla, jeune, étudie en France et aux USA. De retour au Sénégal, il ramène dans ses bagages une discographie afro-cubaine démentielle. Cette musique déchaine les passions dans l’Afrique des années 1960-1970. Des centaines d’orchestres afro-cubains voient le jour. Rumba, merengue, son, toutes les musiques latines sont remises au goût du jour. Ce mouvement donne naissance au high-life ghanéen et à la rumba zaïroise.

En 1992, quelques décennies plus tard, Ibrahim Sylla veut apporter une touche plus africaine à cette musique. Il veut égaler les orchestres de salsa cubaine, colombienne et new-yorkaise. Il convainc facilement Bocana Maïga de se lancer dans l’aventure.

Ce dernier a passé 10 ans à Cuba pour étudier la musique et a créé son propre orchestre de salsa, Las maravillas del Mali. Ils produisent ensemble 8 albums, un live et de nombreuses tournées donnant lieu à des centaines de concerts à travers le monde.

Sur les premiers albums figurent les voix de Médoune Diallo – Orchestra Baobab (Sénégal), Pape Seck – Star band, Nicolas Menheim – Étoile de Dakar, accompagnés des meilleurs musiciens latino-américains. Ils chantent en lingala, fon et wolof mais ont indéniablement le bon rythme. Travador se vend à 300 000 exemplaires en France et à l’étranger. Sabador, le 2nd album, à 700 000. Sur Gombo Salsa, Gnonnas Pedro (Bénin), Sekouba Bambino - Bembeya jazz (Guinée), Shoubou - Tabou Combo (Haïti) viennent enrichir le groupe de leur voix chaude.

Ibrahim Sylla reçoit des propositions de collaboration de toutes parts. Amadou Ballaké (Burkina Faso), chanteur de Taximen ayant fait le tour de l’Afrique en 1978, Salif Keita, Lokua Kanza, Koffi Olomidé et Thione Seck rejoignent le groupe pour une collaboration sur l’album sorti en 1999, Betece, all stars. 

Après quelques péripéties - Bocana Maïga ne peut recevoir à temps le renouvellement de son visa américain - le groupe parvient à réaliser la production finale de son 8ème album, Viva Africando, à Paris. Sekouba Bambino, Medoune Diallo, Amadou Ballaké, Shoubou, Pascal Dieng du Super Cayor de Dakar, Bassirou Sarr de Dieuf Dieuf (Sénégal) et Jos Spinto (Bénin) y remplissent avec grâce et rythme leur rôle de pionnier de la salsa africaine.

La relève est également assurée par Lokombe Nkalulu des Grands maquisards (RDC), René Cabral – Cabo verde (Cap vert), James Gadiaga du Royal Band de Thiès (Sénégal), Ray de la Paz et le Spanish Harlem Orchestra sous la direction d’Oscar Hernandez (USA).

ZOOM

Un tour de monde en 13 titres

En 13 morceaux, Viva Africando parvient à réunir l’Afrique, sa diaspora et une partie de l’Amérique.

Chanté en wolof, singali et espagnol, il rend également hommage à l’immense guitariste Carlos Santana avec le morceau Noche con Santana. À Gnonnas Pedro dans l’émouvant Es para ti Gnonnas.

Africa es est un classique de salsa dura, préconisé pour les salseros désirant briller sur la piste. Maria Mboka, est une rumba chaleureuse. En vacances, est merveilleux de douceur et d’exotisme.

Un album tour du monde. Un syncrétisme musical réussi !

Eva Dréano