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Mukasa, une boutique ethnique chic en plein cœur de Paris

A l’origine de Mukasa, une parisienne bercée par les richesses de sa culture franco-camerounaise.

Mouki Clément a travaillé vingt ans dans la publicité.

Début 2016, elle plaque tout et réalise son rêve de jeunesse : voyager et ramener de ses pérégrinations des coups de cœur afin d’ouvrir une boutique « Ethnic chic » en plein cœur de Paris. Aujourd’hui, le rêve devient réalité.

Dans son concept store, ouvert depuis début avril, on trouve de véritables trésors venus des quatre coins du monde.

Les dimensions de commerce équitable, de développement durable et son souhait d'établir des filières de fabrication pérennes ajoutent ainsi, s’il en était besoin, un supplément d’âme à sa boutique déjà finement conçue. Interview.

Vous venez d’ouvrir tout récemment une boutique Ethnic chic rue Oberkampf en plein cœur de Paris. Pouvez-vous nous décrire ce que l’on peut trouver dans votre nouvel espace ?

Mouki Clément : J’ai ouvert ce concept store, il y a tout juste un mois. Pendant un an, j’ai voyagé aux quatre coins du monde. J’ai ramené de ces périples mes coups de cœur. Je suis allée au Guatemala, au Mexique, au Maroc, au Cameroun, à Ibiza, en Indonésie,... Par la suite, j’aimerais beaucoup partir en Colombie, au Vietnam ou encore au Kenya pour y découvrir et ramener de nombreuses pépites.

Chez Mukasa, vous pouvez trouver du linge de maison, du mobilier, de la vaisselle, du textile, du prêt-à-porter, des tuniques très hippies chic, des paniers, des bijoux, des objets de décoration,...

Mukasa-Mouki

Pouvez-vous nous parler de vos objets coups de cœur de style afro ?

Mouki Clément : J’ai des racines camerounaises du côté de mon père. Il y a ainsi beaucoup d’objets et de textile venant du Cameroun. Là-bas, j’ai travaillé avec de nombreux artisans que j’avais rencontrés lors de précédents voyages.

Avec l'un deux, ensemble nous avons collaboré sur certains masques et boucliers. Je lui proposais certaines formes. Lui-même m'en proposait d'autres. Il m'a fait découvrir également des masques Kwélé (NDLR : ethnie du sud du Cameroun) ou encore des masque Téké (Ndlr : ethnie vivant principalement au Congo).

Du Cameroun, j’ai aussi ramené des statuettes, des boîtes de décoration en osier, des trousses en tissus, des panthères en bronze, des bijoux d’apparat en bronze portés par les femmes bamilekés, ou encore des tables et des tabourets en bois massif.

J’essaye de faire travailler de façon pérenne les femmes de mon village à Mvog Ebanda, un quartier de Yaoundé. Je leur ai proposé des modèles de robes brodées à smocks qui venaient du Mexique. J'ai choisi les tissus au marché de Mokolo à Yaoundé, puis elles ont confectionné de magnifiques robes. Dans la boutique, on trouve également des tuniques et des blousons en wax, des turbans, de très jolis saladiers sculptés en bois ou encore des couverts en ébène venant du Cameroun.

Je vends également des objets venant du Maroc. J’ai par exemple de jolis paniers berbères. Des paniers en osier recouverts de laine et fabriqués de manière artisanale. Aucun n’est semblable à un autre. J’ai également de la vaisselle. De la poterie de Tamegroute, une ville au sud du Maroc dont la spécificité est sa vaisselle verte. J’ai également des lanternes, des pochettes, des sacs en cuir ou en tissus, des bijoux en turquoise, en métal argenté et corail du Maroc.

En Indonésie, on trouve des objets africains ou de style afro. Les Juju hat, par exemple, sont très tendance ! Ces coiffes, à l'origine, viennent du Cameroun, et plus précisément de l'ethnie Bamiléké. A la base, ces coiffes étaient faites en plumes de perroquets. Aujourd'hui on les confectionne avec des plumes de poulets, naturelles ou teintes. On s’en sert désormais de décoration, dans les pays occidentaux. Elles sont alors aplaties. On trouve également là-bas, les fameux masques Téké.

Et comme nous sommes en Indonésie, on va trouver également de l'artisanat de Papouasie, dont les fameuses parures en cauris ou en plumes pour des décorations murales ou montées sur des présentoirs en métal.

Pourquoi avez-vous souhaité ouvrir cette boutique ?

Mouki Clément : Ouvrir cette boutique est une idée que j’ai depuis trente ans. Au départ, je voulais créer un « Concept store » où l'on aurait trouvé de l’artisanat uniquement du Cameroun. Mon frère aurait vendu du café et du thé camerounais.

Mais à l'époque je ne me sentais pas encore prête pour monter ma boîte. Après ma Maîtrise de Littérature africaine, je me suis dirigée vers l'enseignement. Puis vers la publicité durant plus de 20 ans.

Mais l'idée d'ouvrir ma boutique ethnique est restée dans un coin de ma tête et a naturellement évolué au fil du temps.

Pouvez-vous choisir un de ces objets rares et nous en parler ?

Mouki Clément : Dans ma boutique, il n’y a que des coups de cœur. Je les ai réunis parce que je les aime. Difficile de choisir un objet parmi une centaine... Peut-être, je dirai les sacs ramenés d’Oaxaca, ville située au sud du Mexique. L’une de leur spécialité sont ces fameux cabas. Ils sont en plastique recyclé et sont tressés à la main.

J’aime également beaucoup les tables et tabourets en bois massif sculpté du Cameroun. A l’origine, leur bois est clair. Pour le noircir, les artisans le brûlent. Ce mobilier a beaucoup de caractère.

ZOOM

Portrait chinois d’Africa Vivre

Quels sont les ingrédients indispensables pour concocter une belle déco, selon vous ?
Mouki Clément : Il n’y a pas de bon ni de mauvais goût, tout est histoire de cœur, de feeling. L’idée d’harmonie peut différer d’une personne à une autre. Par exemple, le mélange dans ma boutique de tous ces objets venant des quatre coins du monde peut peut-être étonner. Cela forme malgré tout un ensemble homogène et harmonieux.

Quelle est, pour vous, la journée parfaite ?
Mouki Clément : Une journée où il fait beau. Où je suis à la plage avec ma famille, mes amis et nous faisons un barbecue.

Quel serait votre plus grand malheur ?
Mouki Clément : De perdre les gens que j’aime.

Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle ?
Mouki Clément : Je vais plutôt parler de mon artiste préféré, Prince. Sa disparition l’année dernière a été un véritable choc pour moi. Il était relativement jeune. Je ne pensais pas qu’il partirait si vite. Il avait encore beaucoup à inventer, à créer.

Avez-vous une devise ?
Mouki Clément : Vit l’instant présent !

Qu’avez-vous prévu de faire demain (le jour suivant l’interview) ?
Mouki Clément : Travailler. Et continuer à faire découvrir, à partager mes coups de cœur. Cette boutique donne le sourire et du baume au cœur aux clients. Certaines personnes me disent : « Ces objets colorés ravivent nos souvenirs de voyages. » Je voulais une boutique multiculturelle, métissée, à mon image. Par les temps qui courent, c’était une façon d’appeler à la tolérance de l’autre, de celui qu’on ne connaît pas.

Eva Dréano