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BEACH MAN : "Je chante pour les personnes handicapées"

Musicien centrafricain handicapé remarquable par sa voix et son énergie au diapason, Beach Man se trouve au Tchad depuis 2011.

Beach Man a sorti l'année dernière un album de onze titres appelé "Comme toi", et un maxi single intitulé "Bip ou Wélè ?" ("tu décroches ou pas ?" en noussi, un argot ivoirien).

Nous l'avons rencontré au Seleçao dans le quartier Sabangali à N'Djaména, quelques heures avant une nuit dédiée aux artistes centrafricano-tchadiens au bar le Kirikou.

Comment en es-tu arrivé à la musique ?

Beach Man : A l'église et au lycée je chantais comme ténor. On me repère, parce que j'ai une voix puissante. Après la mort de mon père, j'ai pris la décision de consacrer ma vie à la musique.

Peux-tu nous parler de la Centrafrique et nous dire quelle est la situation des musiciens là-bas ?

Beach Man : Je viens de Berberati, la deuxième plus grande ville de Centrafrique, une zone minière où tout le monde se concentre sur le diamant. Un centre culturel catholique existe et beaucoup de mini-concerts sont organisés dans des dancings, en revanche pas de structures ni de studios d'enregistrement.

Avec un ami d'enfance et mon grand frère, on avait un groupe, "Onze Carats", en référence aux diamants, avec lequel on est allé à Bangui, la capitale ; j'avais dix-neuf ans. Je connais bien Bangui, et y passe mes vacances chaque année. Des concerts ont lieu, mais la musique ne paye pas.

Beach-Man-Centrafrique

Qu'est-ce qui t'a décidé à venir au Tchad ?

Beach Man : Dans le groupe nos aspirations divergeaient, mon ami d'enfance et mon grand frère voulaient faire du hip-hop, tandis que j'étais plus intéressé par un mélange. Le Tchad est juste à côté, c'est un pays hospitalier. Il est aussi vierge musicalement, mais j'ai décidé d'y tenter ma chance.

Y as-tu fait de belles rencontres ?

Beach Man : Beaucoup de rencontres intéressantes : des musiciens, des artistes autochtones, des gens dans la culture. Certaines personnes m'ont ouvert la porte.

Peux-tu nous parler de ton activité à N'Djaména ?

Beach Man : En dehors de mes concerts, je suis dj, je mixe des sons, ce qui m'aide à payer mon loyer. Les concerts, c'est pour des occasions particulières : parfois c'est moi-même qui organise, je fais des auto-productions à l'aide de mes amis qui ont un peu de moyens, qui me soutiennent et m'aident à louer des salles.

J'ai pu jouer déjà à l'Institut Français du Tchad, au centre culturel Rods Prod et différentes boîtes de nuit et dancings comme Kirikou (photo ci-dessous), Galaxy, VIP Room, Rex, Olympia...

Kirikou-Ndjamena

Qu'est-ce qui te fait chanter avant tout ?

Beach Man : Je chante pour les personnes handicapées, ceux atteints par exemple de la polyomélite, et pour qu'on les respecte ; également pour la paix en Centrafrique ; et tout ce qui fait danser.

Tu disais que ta musique est un mélange : en quoi consiste-t-il ?

Beach Man : C'est un mélange d'afro beat, de hip-hop, de reggae et de dance hall.

Quels sont les artistes qui t'ont inspiré ?

Beach Man : Michael Jackson, 2 Pac, Lokua Kanza, DJ Arafat et Fally Ipupa.

ZOOM

Les discothèques à N'Djaména

Il y en a beaucoup, et la plupart, y compris les meilleures, ne sont pas recensées par Le Petit Futé.

Parmi les plus dansantes, on peut citer le Continental à Ardep Djoumal, Dembé et le Platinum à Kabbalaye, Eklypss Prod à Moursal, le café Dubai à Chagoua, Chez Jerson à Paris-Congo près du rond-point Aigle.

De nouveaux points de chute ne cessent aussi d'ouvrir, aux noms souvent malicieux comme "Ton pied, mon pied" qui fait référence à la chanson de Chidinma.

Matthias Turcaud