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LES ENFANTS DE TOUMAI, un concours de nouvelles ouvert à tous les Tchadiens

Lancement d'un concours de nouvelles ouvert à tous les Tchadiens, clôture de l'envoi des textes le 31 octobre !

Le concours de nouvelles « Les Enfants de Toumaï » a pour objet de lever des inhibitions et de révéler des talents tchadiens cachés, restés sous le boisseau.

Inaugurée en 2016, l’initiative a pour noble ambition de stimuler de jeunes auteurs tchadiens et de faire sortir des tiroirs des « manuscrits en souffrance », provoquer des occasions de faire briller la littérature dans un pays où elle n’est pas assez mise en valeur encore – et c’est le moins qu’on puisse dire.

Peuvent tout aussi bien concourir aux prix des Tchadien(ne)s vivant dans leur pays que des Tchadien(ne)s de la diaspora, et ce sans limite d’âge. Ils et elles ont pour préparer leurs textes jusqu'au 31 octobre 2018.

Une grande liberté est laissée aux candidats du point de vue du contenu comme de celui du ton qu’il leur plaira d’adopter. Les règles de la nouvelle doivent cependant être respectées : un récit court, caractérisé par un nombre de personnages limité, une action unitaire et une chute (fin) surprenante. Les nouvelles envoyées doivent contenir entre 15 000 et 50 000 caractères. Elles sont à adresser par mail à [email protected].

Concours-Enfants-Toumai

Quatre prix seront décernés pour cette deuxième édition, le premier prix s’élèvera à 500 000 Francs CFA. L’organisation est financée par Thomas Dietrich, écrivain français et président du jury du festival avec le professeur Dr. Ilro Reoutag Ngaoudandé. Le recueil produit sera gratuitement distribué dans les lycées du pays pour donner l'envie de lire et lutter contre la désaffection pour la lecture hélas constatée par plusieurs témoins et experts.

Le recueil du premier concours paru aux éditions Toumaï en 2016 avait justement permis de mettre en valeur une jeune génération d’auteurs nés pour la plupart dans les années 80 et parlant sans ambage, via une « fiction » parfois relative, des plaies terribles qui affectent le Tchad, tels l’excision, le viol et la maltraitance de femmes très souvent réifiées et niées dans leurs droits les plus évidents, le fléau du mariage précoce, l’injustice, la mendicité, les enfants de la rue livrés à eux-mêmes, le manque de soins.

L’écriture de la nouvelle octroie une intensité et une violence supplémentaires à ces thématiques qui se glissent dans des histoires valant comme autant de percutants coups de poing. Une variété certaine cependant se déploie et là se laisse déceler une des volontés majeures des organisateurs, à savoir mettre en lumière la grande diversité des talents tchadiens actuels dans le domaine de l’écriture.

Comme autres thèmes en filigrane se trouvent le clivage entre ville et campagne et les conséquentes différences de coût qui lui sont corollaires, l’insécurité routière ou encore l’éducation, la question de l’avenir et de l’espoir de lendemains plus rieurs, le hiatus béant entre tradition et possible modernité.

Les récits sont souvent vivants, parcourus d’une tension qui tient le lecteur en haleine, marqués aussi par un dialogue très présent et pouvant idéalement se prêter à des adaptations de courts-métrages.

Règlement du concours : https://www.alwihdainfo.com/Tchad-2eme-edition-du-prix-des-nouvelles-Les-enfants-de-Toumai_a64251.html

ZOOM

Deux nouvelles plus lumineuses dans un premier recueil sombre

"Je ne suis qu’une mineure" de Fonretoin Domwa, qui parle du mariage prématuré et de la coercition des jeunes filles, est cependant conclue par un dénouement heureux.

La nouvelle apporte une bouffée d’air frais bienvenue au milieu de textes beaucoup moins optimistes.

Le début favorable de "Ronel" de Ngodji Taramba est contré par une fin traumatisante qui frappe d’autant plus fort par effet de contraste.

"La journée de l’enfant africain" de Mbaibé Guentar Béba, premier prix, et "Boniche à Katanga" de Mairo Sorel illustrent un enlisement dans une misère très noire confinant au tragique.

Si elle n’est pas exempte de dureté dans le compte-rendu d’un quotidien ingrat, "Le Tibia du Sao" de Nicole Ndoubayo Mamodji (notre photo), seule femme retenue, a, en se consacrant aux légendaires Sao qui, dit-on, mesuraient trois mètres, le mérite de l’originalité comme celui de permettre d’échapper à un réel souvent très pesant.

La nouvelle qui clôt enfin le recueil, "Correction loupée" de Mbaigannon Mbayo, est écrite dans un ton léger et s’achève par une « chute » surprenante mais positive.

On espère à la faveur de cette deuxième édition faire d’autres belles découvertes, avec plus de candidates femmes également, davantage d’alternance de points de vue et de profils, de diversité encore.

Longue vie en tout cas au concours de nouvelles des « Enfants de Toumaï » !

Matthias Turcaud